mardi 29 mai 2007

5. Questions posées par les analyses de l'ADN

Dans les ossuaires, il n’y avait plus d’ossements. Cela n’a pas empêché l’équipe de Mr. Jacobovici de rechercher au fond des ossuaires de très petits fragments d’os, préservés au cœur des concrétions minérales. Il n’y avait que des restes du cytoplasme, contenant l’ADN mitochondrial, qui ne permet que l’identification des liens maternels.

Ces restes d’ADN ont été récoltés des ossuaires « Jésus fils de Joseph » et de « Mariamenou » et ont été examinés à l’Université de Lakehaed, l’un des cinq meilleurs laboratoires de paléontologie génétique au monde. Résultat : les deux individus n’ont pas de lien maternel, ne peuvent être ni mère et fils, ni frère et sœur. La conclusion avancée par l’équipe est claire : « ces deux personnes étaient probablement mari et femme. » (1)

Ces analyses posent plusieurs questions :

1) La première question concerne le nombre de corps que chaque ossuaire ait contenu. Régulièrement des ossements de plusieurs individus étaient enterrés dans un seul et même ossuaire. Ainsi, le professeur Evans a évalué à plus au moins 17 le nombre de personnes enterrés dans les 10 ossuaires du tombeau de Talpiot. En plus, ce tombeau a été visité dans le passé, les ossuaires ont pu être vidés, d’autres os ont pu y être déposés. Dans l’ossuaire de « Mariamenou », plus grand que les autres, il est hautement probable qu’il ait contenu les ossements d’au moins deux personnes. Rien à ce sujet n’est mentionné dans le livre. Un travail scientifique sérieux doit prendre en considération la possibilité des restes de plusieurs corps dans chaque ossuaire.

2) Ce n’est pas parce que ces deux personnes n’avaient pas de lien maternel, qu’ils devaient probablement être mari et femme. Il y a bien d’autres relations familiales possibles : « Mariamenou » pouvait aussi bien être demi-sœur, belle-sœur, tante ou cousine du côté paternel, par rapport à « Jésus ». Ces relations nombreuses sont en accord complet avec l’analyse de l’ADN. Dans le cadre de la famille de Jésus, on pourrait suggérer la tante de Jésus appelée Marie (Jean 19 : 25, la femme de Clopas, vraisemblablement frère de Joseph), une de ses belles-sœurs (soit la femme de Jacques, de Simon, de Jude, ou de Joseph), un de leurs enfants : une nièce de Jésus, … Les possibilités de relations familiales sont nombreuses, il est donc improbable que « Mariamenou » était la femme de Jésus.

3) Les auteurs nous informent qu’il était impossible de prélever le moindre fragment d’os de « Judah, fils de Jésus », mais ils affirment que sa mère ne pouvait être que Marie-Madeleine selon toute vraisemblance. (2) Pour l’affirmer deux suppositions doivent être acceptés : 1) « Mariamenou » n’est autre que Marie Madeleine, et 2) « Mariamenou » est la mère de « Judah ». Nous avons attesté que la première supposition est hautement improbable, et la deuxième improbable. Devant la nature de ces deux conditions, il est donc hautement invraisemblable que « Judah » soit le fils de Marie-Madeleine.

4) Et pourquoi l’ADN des autres ossuaires n’a-t-il pas été analysé ? Simcha Jacobovici a répondu (New York Times): « Nous ne sommes pas des scientifiques. A la fin du jour nous ne pouvons attendre que l’ADN de chaque ossuaire soit testé… Nous avons pris l’histoire à ce point. A un certain moment, il faut dire « J’ai fait mon boulot de journaliste ». » Tim, qui a étudié l’archéologie biomoléculaire réagit : c’est un travail nonchalant qui est tout sauf professionnel, le travail scientifique exigeait une comparaison de l’ADN des différentes ossuaires, l’absence d’un travail sérieux fait croire que la seule préoccupation était de démontrer une idée préconçue ! (3).
5) Cette question devient d’autant plus embarrassante quand Simcha décrit sa découverte de l’ossuaire de Jacques chez Oded Golan : « Je regardai à l’intérieur et vit (sic) des fragments d’os. L’ADN de la famille de Jésus ! pensai-je. » (4) Ces fragments ont été confiés à un ami de l’antiquaire israélien pour les mettre à l’abri.
Trois constatations :
(1) l'ossuaire de Jacques contenait des restes d'os de Jacques (supposant qu’il n’y a pas eu de contamination),
(2) les traces du récipient en plastique contenant les os sont connus, et
(3) Mr. Jacobovici s’est exclamé de la découverte de l’ADN de la famille de Jésus.
Dans de telles conditions, l’ADN de Jacques n’aurait-il pas été analysés ?

Conclusion : l’idée de faire des analyses ADN est bonne, mais seul les quelques restes de deux ossuaires ont été analysés. La conclusion des auteurs est tout sauf scientifique, car bien d’autres relations familiales sont envisageables. Ils ont imposé leur idée préconçue. S’il y avait eu un travail d’experts, les restes de Jacques auraient été recherchés en premier lieu. Leur approche tend à faire croire qu’ils appréhendent des résultats qui ne corroborent pas leur hypothèse. Avec Ben Witherington et d’autres nous demandons une analyse de l'ADN des autres ossuaires !

Emile Carp


(1) Le Tombeau de Jésus, Simcha Jacobovici & Charles Pelligrino, p. 233, Editions Michel Lafon, 2007. (nous soulignons)
(2) Idem, p. 235
(3) Résumé du commentaire de Tim sur le blog de Ben Witherington : http://benwitherington.blogspot.com/2007/03/smoking-gun-tenth-talpiot-ossuary_9874.html.
(4) Le Tombeau de Jésus, Simcha Jacobovici & Charles Pelligrino, p. 82, Editions Michel Lafon, 2007. (nous soulignons)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ne serait-il pas temps pour tout un chacun de prendre conscience que d'une part, les prophètes on bel et bien existés, que le réalité scientifique sera moins romantique que les téhologies fantasmagorique.
Pourquoi nul ne peu admettre l'exeptionnel sagesse sans faits surnaturelles?
L'eglise catholique à tronquée l'histoire à plusieurs reprise ceci est avéré. Alors assumons et autorisons les fouilles

Emile Carp a dit…

Cher Anonyme,

En matière des recherches archéologiques, l'Ecole Biblique de Jérusalem fait un travail remarquable. Je n'ai aucune connaissance que l'Eglise s'est opposée à des travaux de recherche scientifique. En ce qui concerne les manuscrits de la Mer Morte, longtemps des bruits ont courru que l'Eglise retiendrait des informations, ce qui s'est révélé être entièrement faux. Un travail scientique, surtout sur des manuscrits émiettés, peut prendre des années. Le facteur que certains chercheurs ont voulu à tout prix faire le travail eux-même avec un élément de gloire personnelle explique aussi les retards.
Oui, il faut pousser les recherches plus loin, en matière d'ADN ou de fouilles archéologiques (il serait intéressant de connaître le contenu du tombeau tout proche),

Cordialement,

Emile Carp